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Montagne-Sainte-Geneviève, côté cour

Gérard Guégan

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Dans la veine des chroniques subjectives (Inflammables ou Ascendant Sagittaire), Montagne-Sainte-Geneviève, côté cour poursuit et clôt l’aventure singulière dont Cité Champagne, qui s’était ouvert sur la rencontre avec Gérard Lebovici une nuit de mai 68, racontait les trois premières années. De 1972 à 1974, année qui voit la mort de Pompidou et la victoire de Giscard sur Mitterrand, Champ Libre, désormais installé rue de la Montagne Sainte-Geneviève, mu par l’échauffement des esprits autant que par « l’ambition de laisser une trace en donnant libre champ à l’imagination », multiplie les projets. Pendant que Le Saux continue d’attenter au bon goût, l’inénarrable Pétris cultive le scandale en traduisant à tour de bras Boulgakov, Chklovski, James, et Spinrad. De son côté, Raphaël Sorin joue les rabatteurs et se heurte non sans drôlerie à Floriana Lebovici, en charge de la presse. Rue de la Montagne Sainte-Geneviève, le cinéma est partout et on discute donc de tout, de l’art de la guerre comme de la sexualité sans entraves, de Léo Ferré comme des Doors. On y côtoie aussi Baynac, Manchette, Boudard, Sangla, de Roux, Nucera, Marie Minois ou Brigitte Fossey. Quand on ne déjeune pas rue des Canettes avec Rinaldi, on dîne avec Burroughs aux Halles. À Grasse, Herbart évoque Gide et l’année 36. À Paris, devant son agent effarée, Andy Wharol, blanc et impavide, accepte de vendre les droits de son roman pour 1 dollar… On part en chasse d’un ancien chef SS avec Guégan, on manque de se faire braquer avec Lebovici, on brise des piles d’assiettes avec Jean-Jacques Schuhl dans une brasserie de Montparnasse ! Et deux clans se forment, qui s’opposent de plus en plus frontalement : les créatifs (Guégan, Le Saux, Sorin, Guiomar) et les propriétaires (les Lebovici) – au-dessus desquels plane l’éminence grise Debord… surnommé « Tout-à-l’ego » par Pétris. Jusqu’à ce matin de novembre 1974 à la Coupole où, sous le regard ivre de Terence Stamp, la rupture est consommée… Ce livre est l’histoire vive, et nécessairement personnelle, des passions et des désirs dans un temps où « l’affectivité réglait les montres ». Mais peut-être est-ce aussi, dans le souvenir des coups de foudre et des amitiés, du désamour et de la lassitude, des colères et des trahisons, l’histoire d’une réconciliation ?