« Nous assistons à la mort des élites ou plus prosaïquement à la disparition de la classe dominante telle que Marx l'avait mise en scène : la communauté se dissout, qui réunissait les détenteurs de tous les pouvoirs, politique, économique, médiatique, intellectuel. Ce n'est pas simplement l'effet du populisme dont le marqueur idéologique demeure la haine à l'égard de ceux d'« en-haut ». C'est évidemment le résultat des lâchetés et des faux pas des élites elles-mêmes. Mais c'est surtout le résultat d'une société « hyperdémocratique », dirigée par l'opinion et les médias. De là l'apparition, à la place des anciennes élites, d'une élite de notoriété qui recherche l'influence à défaut du pouvoir, le salut individuel plutôt que des intérêts de classe. Son poids réel est illusoire : ce sont, désormais, par un étrange retour de balancier, les hommes qui font l'histoire et non plus les forces sociales. Le crépuscule des petits dieux est donc irréversible. » Alain Minc