Une époque s’achève. L’armée de la France n’est plus « la Coloniale », ce corps expéditionnaire fait de puissance de projection et de mobilité qui remonte à Richelieu et aux « compagnies ordinaires de la mer ». La guerre a cessé d’être lointaine et choisie ; elle est de retour à nos frontières et imposée. Mises à la porte en Afrique, mises au défi en Europe, les troupes de marine — à ce jour le cœur battant de l’armée française — vont devoir se reconvertir.
Pour savoir où aller, il faut savoir d’où l’on vient. Ce livre remonte le long cours du tropisme africain de l’armée française et, donc, de la France.
Armée conquérante, force occupante, sentinelle de la Françafrique en même temps que « gendarme » de l’Afrique francophone pendant la Guerre froide et, pour finir, arrière-garde de la présence française au sud du Sahara, « la Coloniale » vient d’être rapatriée. Ses départs forcés — de la Centrafrique en 2015, du Mali en 2022, du Burkina Faso et du Niger en 2023... et, bientôt, du Sénégal et du Tchad ? — sont les étapes d’une grande retraite humiliante.
À la chute du jour, les ombres du passé ressurgissent : Fachoda, la colonne Voulet-Chanoine, le massacre de Thiaroye, la féroce répression anti-insurrectionnelle au Cameroun, le Rwanda, la plus tragique des nombreuses interventions de la France dans l’Afrique indépendante. Mais le requiem inclut le kyrie eleison, la « pitié » de reconsidérer la vie du mort au regard des circonstances. Dans la reconnaissance inégale de l’Autre, il y eut des officiers aux affaires indigènes aussi bien que des « tirailleurs », la fraternité d’arme dans deux guerres mondiales, le Régiment de marche du Tchad (RTM) reversé dans la 2e DB du général Leclerc, la libération par ses « sujets » de la métropole sous occupation nazie, les progrès de la médecine militaire tropicale.
Pour savoir où aller, il faut savoir d’où l’on vient. Ce livre remonte le long cours du tropisme africain de l’armée française et, donc, de la France.
Armée conquérante, force occupante, sentinelle de la Françafrique en même temps que « gendarme » de l’Afrique francophone pendant la Guerre froide et, pour finir, arrière-garde de la présence française au sud du Sahara, « la Coloniale » vient d’être rapatriée. Ses départs forcés — de la Centrafrique en 2015, du Mali en 2022, du Burkina Faso et du Niger en 2023... et, bientôt, du Sénégal et du Tchad ? — sont les étapes d’une grande retraite humiliante.
À la chute du jour, les ombres du passé ressurgissent : Fachoda, la colonne Voulet-Chanoine, le massacre de Thiaroye, la féroce répression anti-insurrectionnelle au Cameroun, le Rwanda, la plus tragique des nombreuses interventions de la France dans l’Afrique indépendante. Mais le requiem inclut le kyrie eleison, la « pitié » de reconsidérer la vie du mort au regard des circonstances. Dans la reconnaissance inégale de l’Autre, il y eut des officiers aux affaires indigènes aussi bien que des « tirailleurs », la fraternité d’arme dans deux guerres mondiales, le Régiment de marche du Tchad (RTM) reversé dans la 2e DB du général Leclerc, la libération par ses « sujets » de la métropole sous occupation nazie, les progrès de la médecine militaire tropicale.