La France, pour qui sait la voir et la sentir, est un « espace » où les signes se superposent, et y circuler revient à remonter le temps, parfois jusqu'aux oppidums gaulois. Celui qui fait ainsi l’inventaire littéraire de son pays part en même temps, à la recherche de lui-même, et dresse son propre bilan face au miroir d’un sol, d’une terre qui, s’ils « ne mentent pas », sont, en la circonstance, fort peu barresiennes ou pétainistes… En vérité, l’auteur du déjà classique Histoire personnelle de la France se découvre ici comme « être général », représentant une génération, celle du baby-boom, mais il appartient aussi à une tradition beaucoup plus longue où Chateaubriand s’associe à Sartre, de Gaulle à Vercingétorix. Il rencontre Montaigne en son Périgord, Pascal à Port-Royal, Rimbaud dans les Ardennes, Proust à Illiers-Combray ou Céline à Meudon. Maniant l’insolence aussi bien que l’érudition, il se permet même d’imaginer le dialogue de Francis Blanche et de Nietzsche sur le chemin d’Eze… Bref, il montre comment les lieux s’entrecroisent avec les œuvres, des églises abandonnées ou « dévergondées » jusqu’aux « musées vagabonds » et aux « femmes-paysages »… Histoire, géographie, littérature, philosophie, se donnent rendez-vous au cours d’une pérégrination certes très « personnelle », mais qui est aussi celle, simplement, d’un Français qui entre avec son héritage, son fatras de rêves et de souvenirs livresques, dans le troisième millénaire…