Bien sûr, il s'agit, encore, d'un roman farfelu, mais plus « policé » que d'habitude Et, bien sûr, les personnages de ce roman - Anna-Victorina, Abraham, Mme Tardieu - ne sont pas des créatures rigoureusement « réalistes » Mais c'est ainsi que Roger Hanin visite son imaginaire : introduire une dose de délire dans la logique du monde. Car le délire, selon lui, déplace la vérité et la montre mieux Avec Loin de Karkhov, on est donc dans une histoire d'adoption : un couple, natif de Béziers (en apparence ) va dans un orphelinat de Karkhov pour adopter la petite Anna-Victorina, blonde, intelligente, précoce Celle-ci va semer le plus grand trouble dans sa nouvelle famille, contraignant chacun à se rapprocher de sa vérité enfouie Les uns vont s'avouer leur amour secret, d'autres vont se suicider, d'autres encore vont accepter de révéler le secret d'une identité méticuleusement dissimulée « Lorsque l'enfant paraît », le monde des adultes réajuste ses manières. Ce roman aspire à l'innocence trouble de la petite Anne-Victorina. Il l'atteint, mais non sans quelques dégâts pour les personnages qui s'y brûlent sous l'oeil de la petite poupée russe. Sur cette trame, Roger Hanin propose un roman qui « dérape » à dessein. Dialogues et situations bizarres ; coups de théâtre ; onirisme et fansaisie garantis Roger Hanin expliquera peut-être, lors du lancement de ce roman, l'arrière-fond autobiographique qui le sous-tend. Mais, peut-être, préférera-t-il se taire. Avec lui, on ne sait jamais...