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Il n'y a qu'un amour

Dominique Bona

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Trois femmes superbes et capricieuses face à un écrivain célèbre. Trois destins dont il reste une correspondance totalement inédite, ici dévoilée, qui court sur un demi-siècle, un paquet de lettres et de notes où elles ont jeté en vrac leurs espoirs et leurs promesses, leurs mensonges et leurs attraits. L'homme, c'est Emile Herzog, plus connu sous le nom d'André Maurois (1885-1967), qui fut une gloire en France et à l'étranger, et dont on découvre sous l'habit d'académicien le visage caché du séducteur, de l'amant qui souffre, qui fait souffrir, qui s'enflamme, et puise non sans perversité la matière de ses livres dans cette acrobatie amoureuse. Et les femmes ? Les voici : C'est à Genève, en 1909, que l'héritier d'une usine de textiles, élevé avec rigueur, rencontre Janine de Szymkiewicz, tout son contraire. Elle a 17 ans, c'est la fille aux cheveux blonds d'un comte polonais mort de phtisie, et d'une mère bohème et volage, catholique et coûteuse. Il faut beaucoup de patience à Emile, bourgeois et juif laïc, pour convaincre les deux familles de consentir au mariage. Ce visage d'ange, ce corps qui réclame les soins et les fourrures les plus chères, cette épouse slave, il l'aimera follement. La preuve ? Ces lettres tendres, mutines, protectrices. Il les envoie de partout, des usines d'Elbeuf à la ligne de front de la première guerre, parmi les blessés, lui dissimulant une boucherie qu'elle peine à imaginer, et brimant gentiment ses demandes d'argent, de fleurs, de chapeaux. « Quand serai-je sage ? » dit-elle, dansant à Deauville, et peut-être davantage, dans les bras de dandys américains. Ils auront trois enfants, dont deux garçons qui ne sont peut-être pas de lui... Neurasthénique, elle meurt à l'âge de 31 ans, des suites d'un avortement. Emile est devenu André Maurois après avoir publié Les Silences du colonel Bramble. Inconsolable ? Pour combien de temps ? Paris, 1924. Issue d'un milieu proustien, petite-fille de la muse d'Anatole France et fille du dramaturge Gaston de Caillavet, snob et anorexique, brune élancée, Simone de Caillavet sera « l'infirmière du coeur » d'André Maurois. C'est bientôt un couple à la mode, de toutes les fêtes. Elle est la dactylographe dans l'ombre, la confidente, la conseillère, parfois la victime. Ses liens avec l'Académie faciliteront l'élection de l'ambitieux Maurois en 1936, grâce à l'appui d'un certain Maréchal Pétain ! Ce que les gaullistes n'oublieront pas. Simone écrit beaucoup, lettres et poèmes. Elle se sait moins aimée, adulée, que ne le fut Janine. Jusqu'à leur exil aux Etats-Unis, pendant qu'en France on craint pour la survie de la famille Maurois, elle ne cesse de se battre contre les « sirènes ». Lima, 1947. C'est à « la voix même de l'Amour », au corps sensuel et troublant d'une admiratrice, qu'André Maurois va s'abandonner, s'affichant avec elle lors d'une tournée de conférences en Amérique du Sud. 20 jours et 54 lettres : cela suffit à l'entêtante présence de Maria de Las Dolorès Garcia, la péruvienne, pour captiver un homme qu'affole sa beauté, et qu'il chante dans des lettres et poèmes presque naïfs. Simone veille, souffre, et dompte ce Don Juanisme. Elle retournera cet embrasement final à son profit - alors qu'André Maurois en fera encore un autre livre. Maurois a-t-il été fidèle à une seule femme ? Ou à une image idéale ? N'y aurait-il qu'un seul amour ?