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Cité Champagne, esc. i, appt. 289, 95 - Argenteuil

Champ Libre I (1968-1971)

Gérard Guégan

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On connaît Gérard Guégan comme auteur (plus de vingt romans et récits, dont, chez Grasset, La Rage au coeur, Soudain, l'amour, Les cannibales n'ont pas de cimetières), comme traducteur (en particulier de Bukowski, dont il fut aussi l'éditeur), comme critique. On se souvient qu'il fut de 1975 à 1979 le directeur des Editions du Sagittaire, alors relancées par Grasset, et qu'il s'y entoura de Raphaël Sorin, d'Olivier Cohen et du graphiste Alain Le Saux. On sait moins qu'il créa, avec Gérard Lebovici, impresario mythique, fondateur d'Art Media assassiné en 1984, les Editions Champ Libre, dont il fut durant sept ans le directeur littéraire. Dans la veine d'Un cavalier à la mer, d'Inflammables et d'Ascendant Sagittaire, ce livre est le premier volet d'une aventure singulière, qui débute avec la rencontre de Gérard Lebovici sur les quais de la Seine une nuit de mai 1968 et s'achève sur la rupture avec le même, Floriana Lebovici et Guy Debord au début de l'année 1975. Le présent volume retrace les trois premières années des Editions Champ libre (1969-1971) dans le Paris du préfet Marcellin et la France de Pompidou. On y assiste à la naissance d'une amitié complexe entre le petit-fils de marin Guégan et le couple de grands bourgeois Lebovici. On y côtoie Jacques Baynac et Pierre Guillaume à La Vieille Taupe, devenue ensuite la librairie révisionniste qu'on sait, Foucault, Deleuze et Genet - que Lebovici rêve de « voler » à Gallimard et qui publieront chez Champ Libre les enquêtes du GIP (Groupe d'Informations sur les Prisons) -, l'inénarrable Michel Pétris, traducteur du Coeur de chien de Boulgakov, ou le Toulousain Jules Celma, instituteur anarchiste, auteur du sulfureux Journal d'un éducastreur, que Duras héberge à Paris. On y rencontre Debord et les situationistes bien sûr, Bizot, Edern Hallier et Semprun... On y voit Reiser illustrer la couverture du Rapport secret sur Staline au XXe congrès du P.C. soviétique. On déshabille les filles du regard avec Charles Boyer. On pleure la mort de Sharon Tate avec Lebovici et Polanski, celles de Kerouac et de Morrison avec Guégan, tandis qu'Hara-Kiri hebdo célèbre à sa manière la disparition de De Gaulle... Histoire subjective des lendemains de 68, où l'amitié, l'amour et la politique vont ensemble, chronique à la fois passionnelle et cabotine des petites et grandes trahisons de chacun, éducations sentimentales et sexuelles au temps de la Révolution permanente, ce livre est aussi un autoportrait rétrospectif du jeune Gérard Guégan, vingt-huit ans et plus de cent kilos, chômeur, marié et déjà père de trois enfants, habitant cité Champagne à Argenteuil, très actif militant du groupe anarchiste Prisu, qui deviendra éditeur au culot, svelte et divorcé. Passionnant ! Un récit personnel et générationnel, fourmillant de « petits faits vrais », qui dit mieux que beaucoup de livres d'histoire ce que fut l'utopie d'une époque. Presse importante à prévoir.