Pour tous les amoureux du vin, Bordeaux est le centre du monde, et la tradition viticole s'y perpétue, immuable. Mais au cours des deux dernières décennies, les bastions de la haute noblesse du vin (Yquem, Lafite, Latour, Margaux, Saint-Emilion, Saint-Julien et autres Pomerol) se sont vus bousculer par l'irruption de nouveaux vignerons qui, en modernisant les techniques de fermentation et de production, ont commencé à révolutionner le monde du vin. D'une rive à l'autre de la Gironde, c'est un combat impitoyable qui se livre entre ces nouveaux-venus, appelés « garagistes » (et dont les vins, même produits dans des garages, peuvent se révéler tout aussi exceptionnels - et coûteux ! - que ceux de leurs concurrents), et les nobles propriétaires des châteaux qui ont fait la renommée universelle des vins de Bordeaux. On pénètre ici dans les arcanes d'un monde de prestige et de tradition, où se fabriquent les nectars les plus recherchés. Et tandis que se poursuit la lutte entre producteurs à l'ancienne et novateurs iconoclastes, c'est l'industrie, la culture et la société de toute une région qui vacillent, menacées par l'arrivée sur le marché de nouveaux vins et des techniques de production de qualité utilisées dans les vallées viticoles de Californie, en Espagne, en Australie... La « pourriture noble », pour l'auteur, n'est donc plus seulement celle qui gorge de sucre précieux les raisins blancs du Sauternes ; c'est aussi, désormais, le symbole d'une révolution...