Les Mamantes est un récit sous forme de lettre adressée à sa maîtresse de dix-neuf ans, durant les premiers mois de sa grossesse, par l'homme de quarante ans qu'elle va rendre père contre son gré. Le narrateur commence cette lettre juste après le coït et la termine juste avant le mariage de la future mère avec un autre homme, prêt à reconnaître l'enfant. Le refus de paternité du narrateur est lié à la répulsion amoureuse contre la jeune maîtresse qui a cherché à lui faire oublier - mais ne l'a pas pu - la maîtresse plus âgée qu'il vient de perdre et qui demeure son seul amour. Sophie, elle, ni par vengeance, ni par provocation, apporte à son amant la preuve qu'il n'est pas le fils du père qu'il croyait (un officier mort pour la France) mais le fils adultérin du diplomate suédois qui lui a servi de tuteur. Ainsi, à la rivalité en lui de la jeune vivante et de la morte amoureuse, s'ajoute chez le narrateur son déchirement entre deux filiations : celle de l'officier qui lui a légué un certain sentiment de l'Histoire et celle du diplomate initié qui lui a fait connaître l'autre face des choses. Un livre singulier, c'est le moins qu'on puisse dire...