"C'est une chose que de connaître d'instinct l'origine de soi, une autre que de l'exprimer, avec les mots et l'émotion qu'il faut. Mon grand-père - car le Boudou, c'est lui - est mort en 1943. Il a fallu presque effacer quarante-six ans d'existence pour me revoir tout à coup devant lui, puis devant ma mère, dans le dégoût de ces sentiments trop humains qui vous agitent quand la maladie dure. La mort, l'idée de la mort, n'est pas lourde à porter en ce qui me regarde. Mais celle du Boudou, celle de ma mère vingt-cinq ans plus tard, furent de sacrés fardeaux dont je n'avais pu délester mes épaules. Encore une fois, le Boudou n'est pas autre chose que cet affrontement sans douceur. En l'écrivant, j'ai senti qu'on était enfin au coeur du problème : ça passe ou ça casse. C'est passé. Requiescant in pace...".