Comme toujours, des textes copieux et brillants des collaborateurs réguliers de la revue : Yann Moix (sur Zola), Laurent Dispot (un Nobel pour Klarsfeld !), Gilles Hertzog (à propos de Benny Lévy). Un texte de Gilles Collard. Une nouvelle de Jean-Paul Enthoven. Mais le morceau de choix du numéro est, incontestablement, une longue livraison de Bernard-Henri Lévy intitulée : « Godard est-il antisémite? »
Le texte de Bernard-Henri Lévy est un texte qui suscitera des commentaires et fera sans doute événement. Il revient sur une accusation récurrente adressée à l'auteur de « A bout de souffle » et de « Sauve qui peut la vie », et qui est l'accusation d'antisémitisme. Il le fait à partir d'un matériau complètement inédit et dont il était le seul, avec les deux autres protagonistes de l'aventure, à disposer: les notes préparatoires au film qu'il projeta, il y a dix ans, avec Claude Lanzmann et Jean-Luc Godard lui-même, sur la question de la Shoah. D'où un récit passionnant. Des remarques incisives et surprenantes. Des épisodes saisis sur le vif. D'où toute une saga, organisée autour d'un film mort-né, et même de plusieurs, qui étaient complètement inconnus, et du grand public, et des spécialistes de l'œuvre godardienne. Le tout pour conclure que, si le ci-néaste propalestinien du début des années 1970 a, incontesta-blement, toujours eu un rapport complexe à Israël et au nom juif, conclure de cette complexité à l'accusation d'antisémi-tisme relève du procès d'intention. Un texte qui ne passera pas inaperçu. Avec un document comme celui-ci, on est au cœur de la mission des revues.