J’avais longtemps hésité, je l’avoue, à répondre à l’invitation qui m’était faite de prononcer les discours de clôture de deux colloques, organisés coup sur coup sur un sujet immense : la France. Difficile de décliner ce bel honneur – difficile, aussi, d’y aller pour ne rien dire, et d’aligner doctement des propos convenus. Mais j’avais le choix : parole ou babillage. Je me souviens avoir balancé plusieurs jours. Comment parler dans une autre échelle de temps que ce rythme court où si souvent se confine le débat politique ? Comment ne pas interférer avec un calendrier gouvernemental dont je n’ai pas à me mêler ? En un mot, comment parler sans que le moindre propos soit accommodé à la sauce politicienne – parler en étant sûr que l’on s’en tienne à ce que j’ai dit ? Aujourd’hui, je n’hésite pas à publier ces textes. Etant là où je suis, je ne suis soumis à aucun devoir de silence ; seulement à un devoir d’impartialité – et, aussi, pour ce qui regarde le long terme, le sort de la France dans le monde, et peut-être le monde lui-même, à un devoir de parole. Ph. S.