NEWSLETTER

Tant qu'il y aura du rhum

François Cérésa

Acheter votre format
Acheter17,30 €
Voici un roman sur les mensonges qui embellissent la vie. Voici une chronique (très alcoolisée) des nuits de Paris. Une fresque nostalgique sur l'amour, la filiation, Saint-Germain des Prés et l'éducation sentimentale d'un jeune homme qui, le jour venu, se souvient... Ce jeune homme, c'est Jean Crivello, un noceur qui traînait dans les bars du quartier latin au début des années 1980. Un peu voyou, un peu écrivain, plutôt doué pour le sexe, il y rencontre un curieux personnage, un certain Serriano, qui cite sans cesse Cioran et Joe Dassin, et dont le charme vénéneux va embellir la fin de son adolescence. On est au début des années 1980, mais le narrateur de ce livre écrit aujourd'hui. Il se souvient, et il invente. Des figures bien réelles (Sartre, Beauvoir, Boris Vian et Jacques Laurent...) se mêlent à des fictions (comme ce Harry Miller, ancien collabo, auteur d'un livre intitulé Jours tranquilles à Vichy). Précisons encore que ledit Serriano a une fille qui se prénomme Ava et qui se prend pour Ava Gardner. C'est confus ? Mais non, c'est limpide. D'une limpidité familière à ceux qui passent leurs nuits à boire du rhum... Car l'épicentre de ce roman, c'est, précisément, la « rhumerie », ce bistrot du boulevard Saint-Germain qui, il y a vingt ans, était le point de ralliement des meilleurs noctambules de l'époque. Il y a là Long John Silver, un antillais réputé pour ses performances d'alcôve ; Greta, une existentialiste aux seins légendaires ; Vésuvio, un mage ; Alphonse Boudard tel qu'en lui-même ; et, au centre de ce tohu-bohu, le fameux Serriano qui sifflote en permanence le tube de Dassin Et si tu n'existais pas... Dans ce roman (drôle, mélancolique, « modianesque »...) on se pose des questions bizarres : y a-t-il un après à Saint Germain des Prés ? Peut-on rencontrer, le même jour, Tex Avery, Steve Mac Queen et Lucien Rebatet ? Peut-on être juif et antisémite en même temps ? Joe Dassin est-il meilleur philosophe que Cioran ? C'est dire que la fantaisie fait ici la loi...