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LE REGARD DE L'INDE

V. S. Naipaul

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Comme souvent chez Naipaul, tout commence dans un théâtre d’ombres pour, peu à peu, s’éclaircir sous la lumière brûlante de la vérité. « Je connais mon père et ma mère, mais je ne peux aller au-delà. Mon ascendance est brouillée » dit le descendant de cette obscurité, le fils d’immigrants indiens recrutés à partir des années 1860 dans l’Uttar Pradesh pour aboutir dans cette petite île poussiéreuse et dénuée d’histoires qu’est Trinidad. Nul dans sa famille n’y a de mémoire ni collective ni individuelle mais chacun porte en lui une trace de l’Inde mythique, même s’il ne la connaît pas : « Pour ces gens, l’Inde, le passé, avaient été balayés, comme le présent -Trinidad- était en passe de l’être. » Aussi ce bref récit peut-il prendre sa place parmi les livres indiens de Sir Vidia, les essais objectifs ou les romans inquiets, du reportage grouillant qu’était L’Inde (India : a million mutines now, 1990) jusqu’à son discours du Nobel sur la connaissance par l’écriture. Dépassant le cadre familial, abandonnant les silhouettes fragiles d’une famille déracinée, le voici décrivant les premières années de Ghandi, « petit homme émacié, la tête rasée, de grandes oreilles », un réfractaire aux clans, un pacifiste guerrier, un visionnaire qui veut réformer l’Inde « immobile, décrépite, cruelle. ». Mais l’Inde était-elle réformable ? Peut-on s’arracher à sa condition ? Peut-on gagner une place dans le monde ? Comment aller de la périphérie vers le centre ? Et au prix de quel sacrifice ? « Le monde est ce qu’il est » disait Naipaul, et il n’a de cesse de poser les mêmes questions, sans jamais accepter la sécurité des réponses.