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Jamais plus de peine ni d'oubli

(*)

Osvaldo Soriano

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On s'en serait douté : Jamais plus de peine ni d'oubli, deuxième roman de Soriano, fut interdit en Argentine à sa sortie, peu après le coup d'état de la junte militaire (1976) qui chassa Isabelita Peron du pouvoir. L'action se situe à Colonia Vela, minable bourgade rurale d'une province de Buenos Aires, entre 1973 et 1974. (Juan Peron vient de revenir au pouvoir, il va bientôt mourir). Des soupçons d'infiltration marxiste attisent les rivalités entre petits chefs péronistes de droite et de gauche. Elles vont dégénérer, tourner au western absurde. Les marionnettes grotesques et tragiques de Soriano ne mégotent ni sur la bouteille ni sur le choix des armes : dynamite, camionnette, bulldozer et larguage de matière fécale à l'aide d'un zinc normalement destiné à l'épandage d'insecticide. Outranciers voire cinglés, ces fantoches ne manquent cependant pas d'humanité, de drôlerie, de frâicheur : Soriano n'oublie jamais que c'est l'Argentine, son pays, qui souffre et qui saigne. Entre paranoïa et bouffonnerie, Jamais plus de peine ni d'oubli fera longtemps méditer un extrait de la postface de l'historien Miguel Angel Garcia : « la farce est la forme d'art le plus authentiquement prolétaire et la plus capable d'exprimer comment lutte et meurt notre classe, bien mieux que la forme épique qui est celle des nobles et des seigneurs ».