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Ce livre raconte la vie supposée réelle de Witold Gombrowicz (1904-1969). Sur son oeuvre (cinq romans, un recueil de nouvelles, trois pièces de théâtre, un immense Journal) et son influence littéraire (des écrivains, tel Milan Kundera, reconnaissent leur dette à son égard), les études sont innombrables. Mais il n'existait pas, curieusement, ni en France ni ailleurs, de biographie de Gombrowicz. Mais faut-il l'écrire au pluriel ou au singulier ? Vies au pluriel, car Gombrowicz a vécu en mues successives comme si, à chaque fois, s'accomplissait une profonde métamorphose intérieure. La Pologne, tout d'abord, entre 1904 et 1939, où ce noble d'origine lituanienne qui ne se sent jamais à sa place tente de se faire un nom dans l'intelligentsia varsovienne, publie notamment le célèbre Ferdydurke. L'Argentine, ensuite, où il débarque en août 1939, à la veille de la guerre, et où, décidant de rester, il passe vingt-quatre ans d'exil, de misère absolue, mais aussi de combats et d'émerveillements - où il expérimente son « homosexualité » - se remet à écrire (Trans-Atlantique et La Pornographie), voyage, ferraille contre Borgès et ses amis, contre Sartre, contre l'immigration polonaise, commence la rédaction de son Journal. La France, enfin, où il s'installe en 1964 après un passage tragique à Berlin. Si Gombrowicz fut incontestablement l'un des plus grands écrivains du XXè siècle, il fut aussi l'un des plus malchanceux. Qui courut toute sa vie après la gloire. Qui publia des livres intraduisibles quand il était vital pour lui de se faire connaître à l'étranger. Qui se mit à dos ses compatriotes polonais en voulant les aider. Que l'on accusa de pervertir la jeunesse d'Argentine. Et qui mourut en France alors que le prix Nobel de littérature était à sa portée. Comme l'a dit un jour Angelo Rinaldi, Gombrowicz est un échec ; de là sa grandeur ? Dérangeant, antipathique, obstiné, provocateur, voyou littéraire et stratège d'opérette, désespéré, pathétique, il fut aussi et peut-être surtout, comme l'explique Philippe Sollers qui le compare volontiers à Montaigne et à Nietzsche, un homme qui refusa toujours de subir son destin : un lutteur acharné.

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