Un soir de l'été 1994, à l'aéroport de Marignane, on vole à l'auteur une mallette Vuitton. Dedans : argent, chéquiers, agenda, vieilles photos, clés. Est-ce tout ? Non : le manuscrit d'un roman intitulé {Hirondelle}, achevé, et dont l'auteur ne possède aucun double. {Roman volé}, texte commencé le lendemain même du vol, fut interrompu sept semaines plus tard, le jour où l'on retrouva la mallette contenant le manuscrit intact ; et terminé quelques jours plus tard. Que se passe-t-il dans la tête d'un homme que l'on vient de tondre de si belle façon ? Et dans celle d'un écrivain à qui est dérobée, à peu près, la vingt-cinquième partie du travail d'une vie ? Pourquoi un tel sentiment d'insécurité bloque-t-il soudain la vie quotidienne ? Pourquoi de mauvais plaisants essayent-ils de prendre le volé au piège de leurs escroqueries ? Pourquoi les efforts du volé pour dénigrer le texte dérobé (et atténuer ainsi sa propre colère et sa tristesse) réussissent-ils au-delà de toute attente ? Pourquoi, de la mise en question d'un texte particulier, glisse-t-on irrésistiblement au doute qui va corroder tous les autres, publiés ou non, écrits ou à écrire ? Pourquoi un minuscule incident de voyage aboutit-il à l'ébranlement, passager mais général, d'une vie, à l'effritement du travail et de l'idée qu'un écrivain se fait de soi ?