Les Mémoires de ma vie morte sortent enfin de l’oubli. Ressuscitant le Paris des années 1870, l’écrivain irlandais en laisse un tableau éblouissant, espiègle et profond. Montmartre, les grands boulevards, la Concorde, c’est tout la « ville païenne » qui saute aux yeux. Voici Verlaine, Huysmans, Villiers de l’Isle-Adam, mais aussi Cézanne et Manet. La partie anglaise est plus mélancolique, plus acérée. Car Moore sait tout dire, tout exprimer. Il sait être sensible comme Nerval et drôle comme oscar Wilde. Les pages finales, consacrées à l’enterrement de la mère de l’auteur en irlande, composent une superbe méditation sur le temps. Heureusement, « nous n’avons du présent qu’une idée inconsciente, sans quoi nous ne pourrions pas vivre ». On va le voir, George Moore a bien vécu, et beaucoup ressenti.