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Les assoiffés

Camille Charvet

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«  Sous le grand porche de l’établissement où je travaille, à l’hôpital Marmottan, où le Pr Olievenstein avait installé en 1971 son centre d’addictologie, des jeunes couverts de piercings côtoient des mères de famille. D’anciens détenus partagent une cigarette avec des hommes en costume aux cheveux bien peignés. Plusieurs langues se mêlent, toutes les corpulences, tous les genres et tous les styles. Les patients que j’accompagne vont de l’alcoolique mondain cocaïnomane à l’adepte de pornographie compulsive, en passant par le fumeur de crack du quartier Stalingrad à Paris. Dans mon cabinet, j’entends parler de plaisir, mais surtout de honte, d’anxiété sociale, de solitude. A l’hôpital, je ne cesse d’être témoin de tentatives, parfois désespérées, pour rester vivant.  »
 
Camille Charvet est psychiatre et addictologue. En s’appuyant sur l’histoire des patients qu’elle reçoit, elle montre que l'addiction ne peut plus être envisagée comme un simple désordre comportemental ou une maladie du cerveau. Recherche effrénée du plaisir, appui pour affronter la vie sociale, tentative de se supporter soi-même, médicament contre des souffrances, expérience-limite, ou paravent face à l'effondrement intérieur… l'addiction est protéiforme. Pour la comprendre, elle s’intéresse au circuit de la récompense comme à la philosophie antique, aux traumatismes de l'enfance et aux injonctions contemporaines de performance, à notre besoin de lien.
 
«  L’addiction m’est apparue non seulement comme un trouble, mais aussi comme un miroir.  Un miroir de la souffrance psychique, bien sûr, mais aussi de notre époque, de ses injonctions, de ses dénis, de ses failles collectives. Elle est, peut-être, son symptôme le plus sincère. La personnalité addict, excessive, toujours trop, assoiffée et insatiable, nous parle de nous tous  ».