Jean-Noël Liaut, 33 ans, est l'auteur d'une biographie de la princesse russe Natalie Paley en 1996 et chez Grasset d'une biographie de Hubert de Givenchy (2000). Est excentrique celui ou celle qui ne vit ni n'agit selon la norme commune. Entre le dandysme et le kitsch, le baroque et le « camp », l'extravagance ou la franche folie, la pauvreté ou la fortune, l'art ou le happening, l'excentrique navigue au plus proche de son instinct. En un siècle corseté par le « politiquement correct », certains consacrèrent tout leur talent à n'être pas comme les autres. Comment mieux les définir que par une promenade vivante, et érudite, et loufoque, au pays des excentriques ? D'Edward James, qui dormait sous une voûte céleste en verre noir, à Unity Walkyrie Mitford, amie d'Hitler, aimant à promener un rat sur l'épaule, de Doris Duke qui légua sa fortune à son chien au Facteur Cheval constructeur-amateur d'un palais de pierres, de Raymond Roussel en sa « maison roulante » aussi luxueuse que le Ritz, à Tallulah Bankhead qui plongeait son tube de rouge à lèvres dans un verre de bourbon, on voit ici que les excentriques préfèrent périr plutôt que de s'ennuyer. Ils auraient adoré ce livre, entre conte cruel et traité de moeurs, qui rend justice par sa drôlerie et son brio flegmatique à ces inventeurs d'une certaine liberté.