Il s'agit d'un roman historique, très particulier et subtilement conduit, qui raconte la rivalité sans appel de deux génies, Titien et Michel-Ange. Un roman qui, à travers ces deux phares de la Renaissance italienne, traque l'éternel conflit de l'Art et du Pouvoir. L'histoire débute à Venise en 1576, le jour de l'enterrement de Titien... Celui qui observe la scène, c'est Vasari, le célèbre biographe des artistes de la Renaissance. Vasari lui-même est déjà mort ? Qu'à cela ne tienne : depuis le Ciel où il séjourne, c'est lui qui va raconter l'aventure qu'on lit, et dont il fut, trente ans plus tôt, le témoin de bout en bout, entre Venise et Rome, aux plus belles heures du Quintocento. Vasari, élève de Michel-Ange, se rend à Venise en 1541, rencontre Titien, comprend que le grand génie vénitien, au faîte de son pouvoir, courtisé par les rois et béni par la fortune, envie secrètement son maître, le seul qui le surpasse en gloire, le seul qui, austère, misanthrope, règne sur Rome et sur les Papes. Michel-Ange, qui fait trembler Paul III, vient de terminer le Jugement dernier à la chapelle Sixtine. Titien, lui, qui a tout eu, tout conquis, sauf Rome, entend se voir confier une chapelle équivalente au Vatican, où déployer son génie. Ce roman, par la voix de Vasari, raconte comment Titien va manoeuvrer pour l'emporter, avec l'aide de son ami l'Arétin (le célèbre écrivain pornographe et libertin réfugié à Venise). Intrigues, cabales, orgies, débats philosophiques vont ponctuer le roman, d'abord à Venise, puis à Rome, où la bataille s'engage, et qui se soldera par la défaite de Titien. Ce qui impressionne dans ce roman vrai, c'est d'abord l'histoire secrète de cette incroyable rivalité, avivée par une trahison, que l'auteur a exhumée de l'histoire légendaire de ces deux monstres sacrés, dont on croyait tout savoir. C'est aussi l'art avec lequel il met en scène cet affrontement sans pitié, où l'histoire de la peinture se mêle à celle d'hommes tiraillés entre l'ambition, la vanité et le génie.