Dominique Missika est éditrice et rédactrice en chef de la chaîne de télévision Histoire. Elle a publié un livre consacré aux enfants juifs pendant l'Occupation, Le Chagrin des Innocents (Grasset 1998). L'amour serait-il plus fort que la guerre ? Pendant quatre longues années d'humiliation, il a fallu s'habituer à vivre avec l'ennemi et à vivre tout court, chercher le pain quotidien et se battre pour une motte de beurre. Pourtant, on a continué à chanter, danser, remplir les stades et les salles de cinéma. Et continuer à s'aimer. Autrement. Avec l'Occupation, les repères habituels volent en éclat : personne ne respecte plus les convenances. La guerre chamboule les relations entre les hommes et les femmes, favorise l'amour et l'empêche tout à la fois, l'interdit et l'encourage, le libère et le réglemente. Finie la routine, voici le temps du grand chambardement. Pour le meilleur et le pire : fiançailles rompues, mariages précipités, divorces reportés, liaisons clandestines, amours interdites, séparations interminables. L'éloignement de l'être aimé, son absence qui se prolonge, ou sa mort au combat, condamnent beaucoup d'épouses, de fiancées, de maîtresses ou de compagnes, au chagrin et à la solitude. A la faveur de la guerre, combien de couples se sont désunis ou, au contraire, rapprochés ? Quand a-t-on été privé de la liberté de s'aimer ? Comment certains ont-ils profité de ces circonstances exceptionnelles pour rompre ou pour séduire ? Les passions ont-elles été plus fortes ou moins intenses ? Les histoires nées de la guerre l'ont-elles été pour la vie ou pour un temps ? Les hommes et les femmes, anonymes ou célèbres, qui ont vécu ces amours fugitives ou durables, en gardent un souvenir heureux ou tragique. Par pudeur, par timidité, ou par peur de révéler des secrets enfouis, ils se sont tus. Aujourd'hui, sans trahir leur mémoire, le temps semble venu de raconter leurs destinées sentimentales marquées par l'Occupation.