André Frossard, figurez-vous, croit à la vertu de la Vérité. Le spectacle l'exaspère d'un pays comme le sien, qui, depuis quatorze ans, que ce f-t sous Vichy ou après la Libération, a été nourri de simulacres, de mirages, de mensonges crus, et de faux bonshommes... Dans cette Histoire paradoxale de la IVe République, il ironise tant qu'il peut, car telle est sa nature, et il sait le faire supérieurement. Mais on sent trop, à chaque page, qu'il a surtout envie de mordre. De mordre au nom de tous les braves bougres de Français, de droite ou de gauche, qui ont " marché " d'excellente foi, et gratuitement, de 1940 à 1954, tandis que tels autres, dans les combinaisons successives, trouvaient bénéfice à admettre, très allégrement, que le noir f-t blanc.
Or, André Frossard (c'est une idée à lui) ne consent pas que le noir soit blanc, que le régime soit factice, les institutions de plâtre, les hommes de paille et les nez faux. Il prend les menteurs, dans tous les azimuts, et les corrige. Sévère mais injuste ? C'est toujours facile. Mais précisément, dans cette Histoire paradoxale, on ne découvrira rien qui ne soit de stricte justice, distributive.
Seulement, quelle distribution ! André Frossard, qui n'épargne personne, ne s'est guère demandé ce qu'après son livre il lui resterait d'amis, dans les secteurs du Pouvoir, ni dans les diverses appartenances. Tant pis. Il porte plainte en faux et en usage de faux. Contre tous ceux de tous les bords, qui ont trompé le monde.
Son Histoire sera un drôle de pavé dans la mare grenouillante. Et aussi une première et cinglante revanche des Français qui, tout de même, n'acceptent pas de se taire.
André Guérin
Or, André Frossard (c'est une idée à lui) ne consent pas que le noir soit blanc, que le régime soit factice, les institutions de plâtre, les hommes de paille et les nez faux. Il prend les menteurs, dans tous les azimuts, et les corrige. Sévère mais injuste ? C'est toujours facile. Mais précisément, dans cette Histoire paradoxale, on ne découvrira rien qui ne soit de stricte justice, distributive.
Seulement, quelle distribution ! André Frossard, qui n'épargne personne, ne s'est guère demandé ce qu'après son livre il lui resterait d'amis, dans les secteurs du Pouvoir, ni dans les diverses appartenances. Tant pis. Il porte plainte en faux et en usage de faux. Contre tous ceux de tous les bords, qui ont trompé le monde.
Son Histoire sera un drôle de pavé dans la mare grenouillante. Et aussi une première et cinglante revanche des Français qui, tout de même, n'acceptent pas de se taire.
André Guérin