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De mère inconnue

Pascal Bruckner

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« La littérature est un long message adressé à nos défunts que nous embaumons dans une sépulture de mots »…
Douze ans après son best-seller Un bon fils centré sur la figure du père violent, l’auteur nous en offre le pendant féminin : « les fils ratent leur mère. Et plus encore les fils uniques. »
Une mère épileptique soumise à son tyran de mari et envahissante pour son fils, un couple toxique, une atmosphère de haine et de coups dans laquelle baigne jusqu’à l’adolescence un fils « dérouillé et choyé en même temps, pris en étau entre une brute vociférante et une névrosée plaintive » : telle est l’équation de départ, décrite sans l’ombre du pathos doloriste qui caractérise les récits familiaux de notre époque. S’opposant violemment à son père, le garçon se noie dans les lamentations de sa mère : « on ne réfute pas un gémissement » !
Cette figure de la mère détermine toute la vie sentimentale du fils: avec chaque femme croisée plus tard, il reproduit malgré lui le schéma parental. Tyran et enfant, ou enfant tyrannique, refusant le « pacte de faiblesse » que sa mère, amoureuse de sa servitude, voulait renouer avec son fils.
Lorsqu’il parvient à fuir ses parents et à gagner Paris, l’auteur fait mille métiers pour gagner sa vie : hôte pour des salons, chauffeur de maître, serveur, vendangeur, répétiteur de français et de philosophie, pianiste de bar, gigolo, candidat recalé à des peep-show… jusqu’à ce que l’université lui ouvre les portes d’un nouveau monde (magnifiques portraits de Jankélévitch, Roland Barthes, Gilles Deleuze, Lacan…).
Cette mère « ratée », le fils tente de la comprendre à travers les livres qu’elle lisait, les expressions qu’elle utilisait, la vengeance tardive qu’elle a pu prendre sur son bourreau de mari, sa fin de vie misérable… mais aussi à travers la longue enquête qu’il mène pour savoir s’il est vrai, comme le lui a confié son père avant de mourir 13 ans après sa femme, qu’il l’avait « rencontrée en 1942 à Berlin ». Aurait-elle vraiment été volontaire pour partir, en pleine guerre, travailler aux usines Siemens pour le compte de l’Occupant ? Cette « mère inconnue » aurait-elle caché un tel secret à son fils jusqu’à son dernier souffle ? La réponse se trouve dans le livre : « on est toujours surpris d’apprendre ce que l’on pressentait »…