Balthus intime - Projet non abouti

« Balthus aura été au centre de ma vie, de mes pensées, de mes intérêts pendant près de quarante ans. Sans Balthus, le contact avec l'extérieur est plus direct, la réalité est mise à nu. Pourtant je me sens accompagnée, comme s'il continuait de me guider. » Ce que ce livre n'est pas ? Ni une biographie de Balthus, l'un des peintres à la fois les plus connus et les plus mystérieux. Ni l'un de ces témoignages forgés après la mort du peintre. Mais la confession intime, pudique, sincère, d'une épouse à la délicatesse asiatique, qui vécut quarante ans à l'ombre de Balthus, au coeur de la création, et apprend depuis peu à vivre par elle-même. Née à Tokyo, sauvée miraculeusement de la tuberculose dans son adolescence par un maître de Yoga, Setsuko était une jeune fille modèle, jupe plissée à l'occidentale, quand elle rencontra en 1962 Balthus, alors directeur de la Villa Médicis, envoyé au Japon par Malraux. L'étudiante avait vingt ans, Balthus plus de cinquante. C'est à Rome, sous les hauts plafonds de la villa Médicis, qu'elle découvre la complexité de la situation : Balthus est marié, mais séparé, et vit avec Frédérique, la belle-fille de son frère, l'écrivain Pierre Klossowski. Dénouant l'écheveau de ce qui pouvait être une tragédie romaine, Setsuko épousera Balthus en 1967. Ce livre se présente en scènes finement dessinées : d'un Japon ancestral à la Rome des fêtes masquées, du château perché de Montecalvello au chalet suisse de Rossinière, d'une rencontre avec Giacometti au rire de Fellini, de l'art de ne pas nettoyer les pinceaux aux longues stations debout de l'artiste face à des toiles qu'il achève lentement, ce sont autant d'épiphanies d'une vie lumineuse, que Balthus transforme par sa magie en une oeuvre d'esthète. Jusqu'à sa mort, en février 2001, à ce visage « médiéval » d'homme prêt à entrer dans l'éternité. C'est une leçon de sagesse, de beauté, de calme volupté que ce livre dénué de ragots nous transmet aussi.