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Pour en finir avec la femme

Valérie Toranian

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Etre féministe ? A quoi bon... Le féminisme lasse tout le monde, y compris les femmes. D'autant qu'a priori tout va plutôt mieux. Sauf que... Sauf que, les femmes sont en train de vivre une véritable arnaque, et qu'il est urgent de la dénoncer. Jamais on n'a autant glorifié les valeurs féminines, mais uniquement pour replacer les femmes dans la seule fonction qui intéresse la société : supermaman et chef du porte-monnaie. En politique, on s'enorgueillit de la parité mais ses effets sont quasi nuls. Sur le plan professionnel, le fameux plafond de verre de l'inégalité des salaires n'est pas près d'être explosé. Et surtout, 2003 aura été le théâtre d'une formidable régression : celle qui a permis que le principe d'égalité des sexes, à l'occasion du débat sur la question du foulard, soit remis en question et menacé par ceux qui sont d'habitude les champions de la défense des principes de justice et d'égalité. Une partie de l'extrême gauche, des altermondialistes, certains mouvements antiracistes et même des féministes se sont retrouvés dans cette bataille correcte pour le « respect de la différence ». Comment en sommes-nous arrivés là ? Les femmes ne sont-elles pas les premières complices de ce qui est arrivé ? L'équilibre et le bonheur d'être mère sont plus valorisés que la réussite et la carrière. Y compris à nos propres yeux. Le féminisme a remporté des victoires mais depuis des années, notamment en France son action, hormis la nécessaire dénonciation du viol et de la violence conjugale, est centrée sur la surveillance de la représentation de l'image et du corps de la femme. A-t-on vraiment envie de confier la représentation de notre image à des instances de contrôle ? Enfin, question fondamentale, y a-t-il impossibilité pour les femmes de se penser comme force politique universelle ? Qui porte aujourd'hui la cause des femmes face à la menace fondamentaliste partout dans le monde, des USA au Pakistan ? Les femmes et le féminisme sont à un moment clé de leur histoire. Il est urgent de réaffirmer les principes sains de la compétition et de la réussite. Il faut abandonner la vision particulière de la femme et en finir avec la femme métaphorique, le mythe de la bonne nature féminine par essence... Il est urgent de refuser toute compromission avec ceux qui prônent une vision différentialiste du monde et de la société. Et de refuser la tentation communautariste que préconisent certains options féminines. Il est urgent de réaffirmer clairement nos valeurs à celles qui veulent porter le voile en signe de « féminisme ». Il n'y a pas de féminisme qui procède de la soumission de la femme. Les femmes doivent convaincre que s'attaquer à leur statut c'est s'attaquer fondamentalement aux valeurs d'égalité et de démocratie et que le combat des femmes est par essence universel. Elles doivent être en première ligne dans cette lutte contre l'obscurantisme. Elles doivent s'y engager, au nom de leurs propres droits mais aussi pour le droit de tous. Aux côtés des hommes. C'est une opportunité historique. Si les femmes ne l'assument pas, ce sera une démission.