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Oui, l'espoir

Yvonne Baby

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Voici le premier roman d'une jeune femme qui a vécu elle-même l'un des drames de conscience les plus aigus de notre milieu et de notre temps : le passage, pour les intellectuels occidentaux qui avaient de tout leur espoir cru dans le communisme, de " l'illusion lyrique " aux leçons désenchantées du XXe Congrès et du réalisme... Depuis dix ans collaboratrice à la rubrique de cinéma du Monde, respirant depuis toujours, par son milieu et ses passions, un air " politique ", Yvonne Baby réussit pourtant cette espèce de prodige de couler dans un récit léger, discret, plein de qualités poétiques et d'ellipses, les thèmes amers ou graves de son histoire. " Oui, l'espoir " est le roman d'une époque : il était difficile d'aborder sans lourdeur ces sujets lourds, d'être sans banalité aussi totalement d'aujourd'hui. La gageure, semble-t-il, est superbement tenue.

Un jour d'été, au Lido, Vincent sort de sa chambre pour se rendre au Festival de Venise. Et voilà que son voyage, ses rencontres lui rappellent d'autres voyages, d'autres rencontres, d'autres étés. Un autre temps, aussi : celui de la guerre - " pour nous, elle a été la vraie cassure " - de la Résistance, puis d'une époque où, adolescent, il croyait dans la révolution sans vouloir jamais lui-même totalement s'engager. Dans cette vague de passé qui, en trois journées, le submerge, il y a aussi les siens, sa famille, et surtout Laurence, qu'il a fuie.

Bientôt, quittant Venise, Vincent retourne à Paris. Sa fuite, cette fois, le libère d'une double crise, intime, politique : il commence à en mesurer l'importance et découvre comment elle a affecté ses parents, ceux de sa génération, et Paul, son meilleur ami. Ce qu'il vient rechercher à Paris, c'est sans doute une forme de vie quand même, une forme d'espoir, de bonheur. Il retrouve Laurence. Et maintenant, avec elle, il efface le souvenir des échecs et des remords, il oublie les espérances trop vastes et déçues.

Nous connaissons tous, très bien, ce milieu, ces héros, ces souffrances morales qui, à certains, apparaissaient comme des luxes alors qu'elles étaient, pour leurs victimes, vitales. Toute une génération âgée aujourd'hui de trente à quarante ans a vécu ces langueurs et ces crises, ces rêves et leurs pénibles réveils. Il restait à en faire le roman, à le faire comme l'a réussi Yvonne Baby : avec autant de sensibilité que de tête, davantage de souvenirs de l'été que de discussions d'idées... Après tout, cette aventure politique, cet apprentissage du métier de vivre, on s'en rend compte aujourd'hui, se sont confondus avec la jeunesse... D'où les signes, les mots de passe, cette manière de langage chiffré d'une époque à travers ses go-ts et ses modes, qui font le charme prenant de ce récit et en garantissent, comme on disait alors, l'authenticité... Il est si rare qu'un livre soit, presque inconsciemment, aux couleurs d'un temps.

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