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On se souvient de L'Épreuve qui a reçu le prix Femina-Vacaresco et que l'on a considéré comme un des témoignages les plus bouleversants sur la Résistance ; cet ouvrage fut traduit en diverses langues.

Ce nouveau livre, très différent par le sujet, pose peut-être la même question : que signifie pour un homme la rencontre de la souffrance et de la mort ?

Au centre du récit se trouve l'aventure banale d'un déménagement, qui est pour Guillaume, le héros, après la mort de ses parents, l'occasion d'une confrontation avec son passé. Parfois, les souvenirs renaissent à l'état pur, miraculeusement intacts, comme ces soirs de Noël tous confondus en un soir parfait. Mais le plus souvent, le passé, vu dans les lumières de la mort, s'est transformé, travesti : sur tout souvenir se plaque, en surimpression, le visage d'un mort. Comment faire autrement, pour pouvoir continuer de vivre, que de se réfugier dans la fuite et l'inconscience, comme ce petit fou en chapeau melon, qu'il voyait courir par les rues dans son enfance ? C'est ce qu'il fait d'abord, par une sorte d'instinct plus fort que son amour et que sa peine.

Puis avec les mois, qui passent et rythment le récit, il revient à lui-même et découvre que la souffrance est là comme son bien le plus précieux. Ceux qu'il a aimés, mal aimés, vivent désormais en Guillaume. Leurs vies semblent en suspens, inachevées. Qu'attendent-ils de lui ? Il ne le sait pas. Mais il les regarde maintenant d'un regard plus attentif et pitoyable qu'avant.

Et la joie même, qui revient en lui aussi, est changée par l'espoir et la découverte d'un nouvel amour, par la présence de la souffrance, comme une mélodie ne tient son prix que de la basse qui l'accompagne. La mort donne son sens à la vie.

Annie Guéhenno a mis en exergue de la Maison vide ce mot de Dostoïevski : " La souffrance, mais c'est l'unique source de la conscience ! ".