Mario Vargas Llosa nous a quittés. Immense écrivain à coup sûr, prix Nobel de littérature, cosmopolite incarné, pont vivant entre les cultures et les langues, esprit habité par le génie du romanesque sous toutes ses formes, il fut une figure tutélaire de notre revue, dont il intégra le comité dès les premières années. L’admiration autant que la gratitude nous imposait ainsi cette évidence : en dehors de sa tombe réelle, il importe de rendre à l’écrivain la mémoire qu’il mérite, celle de la littérature. Réinventeur du genre romanesque, maître absolu de la polyphonie, chantre d’un réalisme magique qu’il faisait danser avec la tradition européenne, mais aussi citoyen engagé, n’hésitant pas à crier son amour pour l’universalisme, ou à s’investir dans une élection présidentielle, Mario Vargas Llosa fut un visage astral et complexe de la littérature contemporaine. A cette richesse humaine et littéraire, nous voulions rendre hommage. De son magistral premier roman, La Ville et les chiens, jusqu’à ses écrits les plus tardifs, ce dossier spécial ainsi restituer la complexité de son œuvre féconde.