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Lucienne et le boucher

Marcel Aymé

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J'ai forcément oublié les raisons qui m'ont incité, il y a seize ans, à écrire cette pièce. Puisqu'il me faut les redécouvrir aujourd'hui aux fins d'insérer, il me semble que je les aurai assez bien résumées en disant que Lucienne et le Boucher représente une tentative vers le théâtre de sensation. Quand je vais écouter une pièce, je m'y sens rarement tout à fait à l'aise. J'ai presque toujours l'impression que l'auteur s'interpose entre les personnages et moi et qu'il leur accorde beaucoup moins d'importance qu'à ce qu'il pense lui-même. Il n'est pas jusqu'à Hamlet qui ne me fasse l'effet d'être un conférencier délégué par l'auteur. C'est peut-être que je me fais du théâtre une idée un peu simple et que j'attends trop de sa puissance d'illusion. Je ne serais donc pas surpris si j'avais voulu, en 1932, écrire une pièce ayant l'ambition d'établir entre les personnages et le spectateur un contact direct, immédiat, et si je m'étais flatté d'y parvenir en restituant à la sensation une valeur qu'on néglige ordinairement de lui accorder. Bien entendu, quand je parle de sensation, il s'agit moins de l'expression d'un amour sensuel que d'une certaine forme de langage. Mais il se peut aussi que je n'aie pensé à rien de tout cela.

Quelles qu'aient été mes intentions, une chose est s-re, c'est que Lucienne et le Boucher est une pièce hautement morale. L'adultère et ses terribles conséquences y sont représentées sous un jour bien propre à décourager les mauvaises tentations. De ce point de vue, le besoin se faisait justement sentir d'une telle pièce. On ne saurait trop la recommander à l'attention des jeunes femmes, des jeunes filles et des organisateurs de spectacles de patronage.

M. A.